Je construis ma crèche + Affiche de Rashomon
Filet Typographique

Marie

Marie La Parturiente

Aie, Aie, Aie, Aie, Aie !
Ouille, Ouille, Ouille, Ouille, Ouille !

C’est au moment où j’ai dit à Joseph qu’il fallait y aller, qu’il a été pris de panique. Ce grand dépendeur d’andouille n’avait ni préparé le baluchon, ni attelé l’âne. Il m’a portée, pour ne pas dire jetée sur le dos de cette vieille carne pour parcourir la ville de long en large. Cet imbécile, pris de panique, ne retrouvait pas la maison des femmes. Et pendant ce temps là je faisais « le petit chien ». Comme les douleurs se faisaient de plus en plus précises, il a fini par trouver une étable en ruine dans un coin de laquelle on pouvait voir deux bottes de paille. Joseph, qui avait un Laguiole dans sa poche, a coupé la petite ficelle bleue et a étendu la paille sur le sol.

« J’étais pour un accouchement naturel, mais là il y va fort ! ! ! ».

Aie, Aie, Aie, Aie, Aie !
Ouille, Ouille, Ouille, Ouille, Ouille !

« Le petit chien, Le petit chien, qu’il me disait. Ma chérie, n’oublie pas le petit chien… »

Quelques heures plus tard, alors qu’il crie « Pousse Marie, pousse !!! », le petit vermisseau sortait de mon ventre. Il vagissait comme un bœuf. C’est bien le fils de son père celui-ci, quoi qu’on ait raconté quelques millénaires plus tard.

Alors que je me reposais un peu dans une ambiance plus sereine, trois clowns, bardés d’écharpes et de capes multicolores, arrivèrent à grand fracas. On les aurait cru échappés du cirque Pinder.

« C’est ici que le Messie est arrivé ? » disaient-ils.

Le Messie, Le Messie, nous qui n’étions pas encore d’accord sur un prénom, v’là-t-y pas qu’ils lui en avaient trouvé un. Joseph, qui voulait prendre soin de sa femme et de son petit, ou plutôt qui voulait jouir d’un peu de tranquillité après la tempête, voulut les jeter dehors. Mais lui qui n’était habituellement pas très malin, s’est vite rendu compte de l’opportunité. Ces trois clowns se disaient rois et étaient chargés d’or, de myrrhe et d’encens. Un bon petit pactole qui lui permettrait de mettre « bas les marteaux » et de s’épanouir totalement. Dans ses yeux on voyait le soleil, la mer, et le poisson grillé sur la plage.

*

La mangeoire

La mangeoire

Je m’étais parée d’un bois simple, de sapin, mais je sentais bon et j’exhalais mon parfum dans cette étable. Joseph et Marie en étaient devenus accros. La fête s’annonçait bien. Je dis ça car j’ai entendu Joseph dire à Marie : « c’est d’la bonne. Ça va le faire tout seul. » De là où j’étais je voyais l’étoile du berger. Je ne sais pas pourquoi elle appartient au berger d’ailleurs, vu que lui, il conduisait déjà l’âne et le bœuf. Et je suis sûre qu’il en avait fumé pour arriver là. J’ai commencé à me balancer de droite et de gauche, sans comprendre ce qui m’arrivait. J’ai entendu les cris de la brebis et Gaspard a dit : « Allez Balthazar faut le faire, faut plus hésiter, c’est le moment. » Melchior et Joseph tenaient Marie. Elle, en sueur, les yeux dans le vague, et l’odeur du pin, mais y avait pas que ça. Un coup sec, un bruit sourd, sur la paille, une petite boule qui roule. Et tous de s’écrier : « Bon dieu, il est né ! » L’aveugle appuyé sur l’épaule de son fils, comme par miracle, recouvre la vue et sans tambour, au son de la trompette, tout à sa joie, il me tombe dessus, les bras en croix. C’était quand même pas à lui que ça devait arriver. Enfin, bref, je ne savais plus où je créchais, je me suis retrouvée sous la paille, mais y avait pas que ça, et c’était divin !

*

Le Divin Enfant

Le divin enfant

Il y eut un soir, il y eut un matin. Puis il y eut un soir, et c’est là que les choses ont commencé à se gâter. Il faut dire que ça ruait sérieusement dans les brancards depuis plusieurs jours, parce que j’entendais sans cesse les éclats de la voix rauque et virile du charpentier de marine qui vivait avec ma mère à l’époque. Il ne comprenait pas vraiment comment il se faisait que depuis dix ans que sa nana lui tannait le jonc avec ses “je ne suis pas prête”, “mais c’est dégoûtant ! comment peut-on faire ça”, elle s’était retrouvée avec le bedon rond comme celui d’un sénateur. Il faut imaginer sa réaction quand on lui avait expliqué que sa minette avait craqué pour un blondinet — même pas du pays — tout pâlot, engoncé dans son drap avec des airs de fillette et deux ailes de poule flanquées collées sur les omoplates. Pauvre type.

Ma mère, elle, n’était pas à la fête et elle commençait à se sentir lourde. Je dois à sa décharge indiquer que je ne suis pas venu seul : j’avais un utérus très cosy, avec bibliothèque (Bible en hébreu, Bible en araméen, Commentaires du Talmud, Bible en grec), établi, clous (tu ne dois manquer de rien, mon Fils), planches de 16, pack de 16 (buvez, ceci est mon sang), couronne, épines, pagne. Oui, un pagne. Avec tous les paparazzi présents lors de mon arrivée, si personne ne m’a vu tout nu, c’est qu’il y a bien une raison.

Donc le voilà, le grand jour tant attendu ; j’entendais les cris au dehors : “Allez Louya ! Allez Louya !” et je me dis qu’on n’était pas sorti. Je profitai des derniers conseils de mon Père :

— Bon, n’oublie pas que je suis toi, que tu es moi, et qu’un troisième gars est un peu nous tous. On ne te laissera pas tomber, merci de faire le sale boulot.

— Oui Père.

— Il n’est pas essentiel non plus que les fidèles le sachent tout de suite, ils ont quelques millénaires à se crêper le chignon sur le sujet.

— Oui Père.

— Tu y vas et tu fais le job, pas de zèle.

— Je peux essayer de leur enseigner la sagesse pour de bon ?

— J’ai dit pas de zèle. Un loustic dans le nord de l’Inde a essayé il y a 600 ans. Il a appris à ses disciples qu’il n’était pas Dieu, qu’il n’était pas un saint non plus, qu’il fallait profiter de la vie et que l’ascétisme bête et méchant ne servait à rien. Résultat, on lui dédie des temples, et on lui fait des prières. Non, concentre-toi sur le cœur du métier : le bon vieux miracle, Fils. Marcher sur l’eau, les aveugles qui voient, les lépreux guéris, les paralytiques qui marchent à nouveau, toute cette sorte de choses.

— Mais Père, pourrai-je être gentil tout de même ?

— Oui, Fiston, si tu insistes. Ah, et dernière chose : le dogme, tu laisses tomber. Tu restes éthéré. C’est Pierre qui s’en occupe. Pareil, la division marketing sera confiée à Paul, j’aurai un entretien avec lui.

Puis il a raccroché. J’ai donc reposé le combiné, relâché le cordon, tâché d’oublier que pour le prochain Messie de la fin des Temps il n’y aurait pas que le Père et le Fils à être la même personne, mais qu’en Thiérache du centre où il naîtrait il serait aussi le Frère. C’est une autre histoire. Pour l’heure, le destin déroulait devant moi son tapis rouge, plein d’encens, de myrrhe, de camphre… je me suis mis à tousser tant l’odeur était infecte. Je suis né.

*

L’étoile du Berger

L'étoile du berger

Eh bien ça y est, j’ai fini mon job !

— Eclaire-les, m’avait dit le patron.

— Ca va pas être facile, je lui avais répondu… avec tous ces idiots… pour leur montrer le chemin… j’suis sûre que j’vais en perdre !

— Pas grave ! Il m’avait dit, prévois large au départ.

En plus, faut que je me la joue filante fixe ! Tu parles d’un challenge ! Pour peu qu’il neige !

— C’est pas grave étoile, déneige !

J’ai donc choisi de m’y prendre tôt – le patron m’avait rancardé sur la date de la césarienne – et d’illuminer l’esprit étroit de douze gugusses, un dans chaque tribu d’Israël…

Alors bon, je sais pas comment je me suis débrouillée, mais au lieu de les illuminer, j’en ai éliminé quand même un sacré paquet puisqu’ils sont arrivés à trois et encore, bien après la césarienne… Et pourtant, j’ai fait un feu d’enfer – pardon patron mais c’est vrai – j’ai mis le feu au Petic 2000 (c’est un promontoire situé juste au-dessus de cette fameuse crèche). Bref, ma vie d’étoile filante fut laborieuse. Entre les deux qui ont disparu dans les sables mouvants, les deux autres qui se sont percutés au galop sur leurs chameaux, trop occupés à m’observer les cons, et les autres qui ont essayé de passer de force les checkpoints romains, et celui qui s’est écrasé contre le mur. Il a fallu que je me déroute par Beyrouth. Finalement, j’ai offert aux survivants un GPS (un Garantisseur de Providence et de Sainteté)… Tout ça pour m’apercevoir qu’une fois que le Gaz part, le Melchior de tous est celui qui Bat le Thazar ! Une fois fixée au-dessus de l’endroit (qu’était pas la bonne clinique d’ailleurs !), je m’aperçois que l’ange Boufareu qui pète dans sa trompette me vole la vedette. Finalement, la star dans l’histoire c’est pas moi. Le patron a encore blouzé un fidèle serviteur. Et en plus, les rois mages en sueur me regardèrent immobile dans le ciel et s’exclamèrent :

— Qui l’eut crue si fixe !

*

Melchior

Melchior

Ça fait longtemps que je suis parti. 70 km/h sur le périphérique, évidemment, ça ne permet pas d’arriver vite. Gaspard est parti, lui, d’une étape du Paris-Dakar en Argentine. Il n’a jamais été bon en géographie, ce rat. Je sais que son cadeau est nul, acheté chez Tati. Balthazar je ne sais pas, je crois qu’il vient de Sotchi, mais retardé par une bombe humaine à Volvograd.

Donc, je reprends : sur le périph, à 70 à l’heure.
Pour arriver en Palestine le 25 décembre à 0 heure locale.
On est le 24, il est 23 heures.

Je viens de passer la Porte Champerret, faut que je refasse un tour entier pour sortir, je crois, Porte d’Orléans. C’est pas clair. Porte d’Orléans pour Jérusalem-Est, c’est pas clair mais c’est ça. La route des vacances. Quand les autres vont au ski, moi je vais voir un môme tout neuf vieux comme le monde. Un père — enfin, père, faut voir — une mère courageuse d’accoucher dans une grange, entre un âne et un bœuf. J’apporte de l’Airwick saveur encens pour purifier tout ça.

Suis presque à Lyon.
Il est 6 heures du matin, l’avion, à Marseille-Marignane, décolle à 7 heures 32. Je sens que je vais le rater.

Ça va poser un problème.
Je sais que je suis dans le casting. Il faut que j’y sois. C’est écrit dans le synopsis. Une chance, ce serait une grève d’Air France. Je vais leur dire. Il faut qu’ils sachent que je joue dans La vie n’est pas un grand fleuve tranquille.

*

Le bœuf

Le bœuf et l'âne

La vache, quelle soirée !

J’étais invité au réveillon par mon maître Joseph. On nous annonçait une Bonne Nouvelle, mais moi je la connaissais déjà : ce soir, ce serait Fruits de Mer, ce qui nous laissait un peu de répit, à moi et mes deux copines brebis, Hélène et Ludivine. Enfin !

Je suis peut-être une bestiole primaire, mais moi, au moins, j’aurais pensé à réserver un soir de Noël. Enfin, bon, Marie ne s’est pas déboutonnée, elle nous a trouvé une petite calanque à Marée Basse du côté de Saint Raphaël.

C’est vers minuit que ça a dégénéré. Ça alla très vite. Marie donna naissance à un seul enfant, comme l’avait annoncé l’AFP (l’Ange Faiseur de Prières). La joie laissa place au doute. Marie demanda à Joseph d’aimer l’enfant comme son fils.

— Pourquoi, il n’est pas de moi ?

— Mais si ! Mais si !

— Tu m’as fait des cornes ? Serais-je un jour père ?

(Qu’est-ce que je devrais, dire, moi…)

En tout cas, si ça s’ébruite, ça fera un effet bœuf.
Bonjour le cadeau.

*

L’aveugle

L'aveugle et son fils

« Vous voulez vraiment mon avis ? Vraiment ? Mais vous me le crucifiez sur-le-champ, l’autre ahuri ! Si ça ne tenait qu’à moi, il y a belle lurette que je l’aurais noyé dans le Jourdain. Hein ? Il est insubmersible ? Ah ! Vous voyez bien que c’est un problème, ce type. La croix et la bannière ! Et ça date pas d’aujourd’hui, hein. C’est vieux comme Hérode.

Non, je vous explique. Avant j’étais aveugle. Non, pas miro, comme maintenant, vraiment aveugle. Black is black façon Ray Charles.

Vous allez dire, mais c’est terrible d’être aveugle, c’est pas une vie. Et bien je vous dirai, franchement, c’est ce que je croyais, sauf que je me fourrais le doigt dans le l’œil, croyez-moi.

Tenez, là, par exemple, je dois supporter de voir vos tronches. Et bien c’est pas terrible. Et je vous explique pas la tronche de ma femme. Un calvaire. Alors l’autre, là, porter sa croix, il va m’excuser, mais chacun son tour.

Non, je lui en veux parce que j’avais rien demandé. En fait, je cherchais un coin tranquille pour pisser. J’allais pas attendre Vespasien, il y en avait encore pour deux siècles. Non, je cherchais, ou plutôt j’avais demandé à mon fils, enfin, celui qu’on m’avait dit que c’était mon fils, de me trouver un coin discret. Alors le petit con me dit :

— Y a une étable, là, papa, vas-y c’est une vraie porcherie.

Faut dire qu’il est vraiment con, mon fils. Il tient ça de son père.

Alors voilà que je me défarouille pour me soulager, tranquille pépère, quand j’entends un hurlement de femme, façon vierge qui voit un serpent, à vous faire dresser les cheveux sur la tête. Genre Lève-toi et calte, si vous me comprenez. Surtout qu’en plus de ce hurlement, voilà-t-y pas qu’un âne se met à braire, un bœuf à beugler, des brebis à bêler, puis que je me prends en pleine poire un rabot de charpentier, et qu’y a trois niaquoués qui causent même pas l’araméen, comme vous et moi, qui me sautent sur le rable et me plaquent au sol. J’en menais pas large, autant vous dire, parce que les niaquoués, ils sentaient pas la rose, croyez-moi. Ça encensait la chochotte grave. Mir Laine et compagnie, si vous voyez ce que je veux dire. Je craignais qu’ils me fourrent la fève, pour être franc.

Quoiqu’il en soit, à peine les beuglements de cette ménagerie commencent à se calmer, que j’entends un bébé brailler. Apparemment, en me voyant, de frayeur, Jésus-Marie-Joseph, elle avait perdu les eaux et le toutim, la bonne femme. C’est comme ça qu’il est né, votre gaillard. Et aussitôt né, aussitôt il m’en fout plein la vue, tandis que toute la ménagerie, une bande de pochtrons, entonne qu’il est né lundi 20 l’enfant, alors qu’on était le 25, et un samedi !

Mais du coup, pour la première fois, j’ai vu mon fils.
Sauf que c’était une fille.
Et le portrait craché de mon voisin.
Judas. »

*

Une brebis

Une brebis

Comme d’habitude, en cette mauvaise saison, le Gastounet, notre vieux berger, nous avait emmenées passer la nuit à l’étable, à la sortie du village, dans la grotte.

Et vlan, soudain, à 11 heures du soir, une toute jeune femme prête à mettre bas, bien en avance (nous autres brebis, c’est vers le mois de mars), arrive avec un bien bel homme, Saint Joseph paraît-il, qui nous écarte, s’agite, réclame de la litière, de la chaleur, nous fait reculer au fond de la grotte. Paraît-il que notre haleine n’est pas assez chaude pour ce petit d’humain qui vient d’arriver ! Le Gastounet, bien bon, va chercher le bœuf de la vieille Mauricette.

À minuit, l’ange Boufareu, celui qui a été refusé à l’école de la fanfare du village, souffle, souffle, souffle dans sa trompette ! Un Divin Enfant nous est né ! Pas moyen de l’ignorer, et le voilà qui s’en va chercher monsieur le maire, monsieur le curé, le rémouleur, les gitans qui dansaient à l’orée du village avec leur ours, l’aveugle et son petit-fils. Et voilà l’aveugle qui lâche l’épaule de petit et s’avance jusqu’à la mangeoire où est couché l’enfant divin.

Le tambourinaïre tambourine à tout va, l’étoile du Berger s’élève, brille, brille, brille. Gaspard, Melchior et Balthazar, les rois d’Arabie, chaussent leurs bottes de sept lieux, Adidas, les reines du désert. Dans un nuage d’encens et de myrrhe, là haut dans le ciel, la lune brille sur eux.

*

L’ange boufareu

L'ange Boufareu

Drame en un acte

C’est un soir, juste avant lui-même. L’ange boufareu a un peu trop bu d’hydromel.

L’ange boufareu

PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !
Ça-va-ti toi la brebis ? PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !

La brebis

Mêêêêê ?

L’ange boufareu

Y a pas de mais ! PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !
Allez, suis moi, toi, l’abribus ! Euuuuuh… suis-moi, toi, la brebis ! PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt ! Allez, viens, on va voir les filles ! PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !

Ils marchent

L’ange boufareu

Eh ! Bonjour toi le bourricot ! PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !
T’as la banane l’âne ?

L’âne

Hi han ! Hi han !

L’ange boufareu

Allez, zi-va, viens avec moi on va voir les filles !

Ils marchent

L’ange boufareu

Aïe ! Doucement ! Tu peux pas faire gaffe où tu mets ta canne ! PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !

L’aveugle

Ben je suis aveugle !

L’ange boufareu

OK ! Tant pis ! PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !
Allez, viens avec moi on va toucher les filles !

Ils marchent

L’ange boufareu

PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !
Haut les mains peau de lapin !

Le Ravi

T’es con ! Tu m’as fait peur !…

L’ange boufareu

PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !
Allez, viens on va voir les filles !

Ils marchent

La brebis, l’âne, l’aveugle, le Ravi

Dis, boufareu, c’est encore loin ?

L’ange boufareu

PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !
Meuh non ! Y a qu’à suivre l’étoile de celui qui guide ceux qui suivent bêtement ! PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !

Ils marchent

L’ange boufareu

PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !
Salut Beauvais l’bovidé ! Tu viens avec nous, on va voir les filles !

Le bœuf

— Meuh ?

Ils marchent

L’ange boufareu

PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !
A-y-eeeeeeest ! On y est ! PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !

À côté d’une étable, trois videurs barbus barrent l’entrée de la casbah des nanas, un boite à nouba à l’enseigne des “Faux Mages de France”. Un couple hétéro, dont une vierge, est déjà là. Tous attendent les filles.

La brebis, l’âne, l’aveugle, le Ravi, le bœuf, les trois barbus, le couple hétéro

Au fait, Boufareu, c’est qui les filles ?

L’ange Boufareu

PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !
Ce sont encore des enfants ! Elles se nomment Hélène et Ludivine !

Tous

Ah ! D’accord ! Héléne et Ludivine enfants !

L’ange boufareu

PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !

Hélène et Ludivine

Elles font leur apparition, puis, devant cette assemblée grotesque, elles s’enfuient en courant.

Tant va la crèche à l’eau qu’à la fin elle se casse !

Tous les poursuivent, sauf l’ange boufareu, qui reste seul sur scène.

L’ange boufareu

PPpppPPPpppppoooOOOooouuueeeêêêttt !

Rideau

cul de lampe

Les évangélistes (façon no) (dans le désordre) (Dieu reconnaîtra les siens) : Marc, Sylvie, Claire, Brendan, Catherine, Bernard, Christophe, Vero, Jérôme.

cul de lampe