Au début, il y a un grand champ jusqu’au bout de la terre d’Ecosse qui surplombe la houle. Le ciel en cette fin de journée est orangé, gorgé d’ambre. Demain, les hommes viendront faucher l’orge. Chapeau sur la tête, chemise ouverte, ensemble avec des gestes lents et précis. D’autres, avec la même patience ancestrale, ramasseront la tourbe. Tous ils devront ensuite attendre. Attendre et veiller précieusement le malt. Puis, dans le hangar certains vérifieront les fûts de chêne. Retirant la bonde, ils humeront les arômes de porto, de cognac ou de madère. Les yeux fermés, ils voyageront le temps d’un parfum. Aujourd’hui, le maître-chai est là. Les enfants oubliés de cette foule se sont cachés dans l’entrepôt. En vain ils cherchent la part des anges.

Sylvie